“Employ positive language and an authoritative voice.”

“It’s OK for women to be tough; you just need to be comfortable in that role.” “Employ positive language and an authoritative voice.” Chercheuses, n’ayez pas peur d’être dure, sévère, d’utiliser un ton autoritaire. Ce sont les conseils donnés lors d’une formation organisée par EMBO (European Molecular Biology Organisation) intitulée “Laboratoray management : female leaders in science”, décrite dans un article du journal Science.

La douceur, la compréhension, l’écoute, seraient-ils donc des handicaps pour faire de la recherche ? A lire ce texte, ces traits de caractère seraient propres aux femmes, et cela expliquerait pourquoi elles sont moins nombreuses à faire de la recherche ? Quelque chose m’échappe ici… Et que penser des hommes qui ont ces mêmes traits de caractère ? Ne devrait-on pas alors plutôt faire une formation ouverte à tous ceux qui sont un peu trop doux, un peu trop attentifs aux autres, etc… pour les aider à mettre de côté ces qualités pour faire le travail d’équipe qu’est la recherche ? Quelque chose m’échappe encore… La pratique de recherche n’est-elle donc pas compatible avec une qualité de relationnel ?!…

De tels conseils révèlent le modèle de recherche qui est imposé, basé sur l’autorité, une forme de pouvoir. Il nous semble nécessaire de questionner ces attitudes, et d’explorer d’autres manières de faire de la recherche. En effet, de telles valeurs d’autorité semblent peu compatibles avec une démarche de recherche ouverte au dialogue, à une diversité de points de vue, dans la construction collective d’une connaissance. Faire de la recherche autrement, c’est un objectif que se donnent aujourd’hui plusieurs mouvements, comme le mouvement Slow science, ou le mouvement pour une désexcellence des universités, et comme le développe par exemple I. Stengers, historienne et philosophe des sciences dans son livre “Une autre science est possible !” .